L’écriture de Jean-Louis Murat (je parle ici de la musique, pas des paroles) présente plusieurs caractéristiques. La plus prononcée et la plus importante est le passage constant entre la tonalité majeure et la tonalité mineure.
Si vous n’êtes pas musicien et vous vous demandez quelle est la différence entre majeur et mineur, je vous donnerai un exemple.

L’accord ci-dessus est majeur. Il sonne précise et claire.

L’accord ci-dessus est mineur. Il peut sembler triste.
Les deux ensemble, c’est la séquence d’accords récurrente de Col de la Croix-Morand.

Majeur-mineur. Lumineux-triste. Murat-Bergheaud (ou peut-être l’inverse).
Ai-je expliqué comment cette chanson, que j’ai entendue par hasard, m’a rendu accro à Murat ? Ce sera pour une autre fois. Mais le passage du majeur au mineur a joué un rôle important dans l’ancrage de la chanson dans ma tête.
Jusqu’ici, tout va bien. Même lorsqu’il nous joue un tour en omettant la troisième note d’une triade (qui distingue souvent le majeur du mineur), sa ligne mélodique le trahit. Identifions d’autres chansons bien connues de JLM en majeur-mineur.
Certains changements majeur-mineur sont plus subtils – ils pourraient être expliqués comme un attribut du jeu de blues. Je mettrais C’est l’âme qu’on nous arrache et Marlène dans cette catégorie. Mais je pense qu’ils s’inscrivent dans le schéma général parce que Murat aimait l’ambiguïté des accords impliqués. Par exemple :
Ciné Vox (intro)
L’inverse est-il possible – du mineur au majeur ? Murat s’y est essayé brièvement avec Paradis Perdus, la première chanson principale de l’album Cheyenne Autumn, en commençant par une introduction en tonalité mineure et en la faisant suivre d’une chanson en tonalité majeure. Une illustration beaucoup plus durable est une reprise bien connue de Murat – Le Charme d’Alain Bonnefont. Le refrain se termine toujours par un accord majeur et le couplet reprend toujours par un accord mineur. Je m’incline.
Quel est l’impact sur l’auditeur de ce tic majeur-mineur? Je dirais qu’il nous tient en haleine. Nous pensons que nous entendons une chanson optimiste (majeur)… mais soudain, il y a un doute (mineur). Sommes-nous aussi sûrs que nous le pensons? Pouvons-nous compter sur le fait que tout se terminera bien? Posons-nous suffisamment de questions sur la direction que nous prenons? Peut-être que certains d’entre nous se reconnaissent dans ce type de questionnement, dans ce changement constant entre le majeur et le mineur. Moi, je m’y reconnais.
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